Cet article a été co-écrit avec mon collègue, Dimitri Fraeys - Vice-président, Innovation et Affaires économiques au CTAQ.
Et si on faisait le point sur un dossier éminemment complexe, coûteux et, disons-le, mal pensé dès le départ : la modernisation de la collecte sélective.
Encore, direz-vous? Oui, encore. Parce que l’onde de choc de ces décisions continuera de frapper vos finances longtemps.
La question revient souvent : d’où vient ce cafouillage? Pourquoi une telle explosion des coûts du jour au lendemain?
La réponse n’est ni simple, ni unique.
Mais une chose est sûre : si les ambitions politiques avaient été accompagnées d’écoute, d’analyses rigoureuses, de réflexion et d’un minimum de préparation, nous n’en serions pas là. Car il faut savoir que nous avons hérité d’un système désuet, sous financé et peu efficace depuis plus de 20 ans.
Ambition démesurée, empressement populiste, entêtement et absence de vision à long terme : un cocktail qui se traduit aujourd’hui par une pression financière inédite sur les entreprises du Québec, autrement dit, sur les producteurs. Et ce, sans compter toutes les autres responsabilités qui s’empilent à un rythme presque hémorragique. Le Québec a voulu faire en 5 ans ce que l’Europe à fait en 20 ans.
UN INSTANT!
Et si la capacité de payer des producteurs n’était pas infinie?
Qui a pris la peine d’en tenir compte? Seules les associations ont sonné l’alarme, dès le départ, sur les incohérences du projet.
Soyons clairs : les producteurs (les entreprises) adhèrent pleinement aux principes des 3RV (réduire, recycler, réutiliser, valoriser). Mais ils auraient aimé qu’on réfléchisse aussi à la faisabilité opérationnelle, à la gestion des coûts et à la cohérence d’ensemble. Parce que pendant que le gouvernement nous parle de compétitivité et de productivité à longueur de discours, dans les faits il semble tout faire pour les miner.
Et si on avait pris le temps d’en faire un vrai projet de société, de réfléchir au moyen de nos ambitions, concerté, et porté par toutes les parties prenantes, sans obsession environnementale? Une occasion manquée. Et maintenant, impossible de revenir en arrière.
Alors… où en est-on?
On tente d’aplanir la courbe des coûts, de « mitiger » les effets d’un système qui craque de partout.
Le citoyen, lui, ne voit rien : son bac bleu ou vert est toujours ramassé. Mais derrière le rideau, la pièce se joue sur une scène bien plus trouble.
Les producteurs, eux, absorbent des coûts astronomiques, sans réel recours. Tout au plus, un peu de répit : on étale les paiements.
PFP2026
La hausse moyenne annoncée par ÉEQ est de 6 % pour la PFP2026, mais la hausse réelle pour les manufacturiers de produits alimentaires et de consommation atteindrait plutôt 11 %. Le coût total du système passe de 457M$ à 483M$ entre 2025 et 2026. Il faut se rappeler qu'en 2019, le système coutaient annuellement 300M$.
Certaines matières connaissent même des augmentations exceptionnelles : bouteilles et contenants en HDPE, +109 % ; polypropylène : +45 % ; Aluminium : +70 % ; Acier : +61 %
Alors, la lumière au bout du tunnel?
Peut-être.
On peut espérer une meilleure valorisation des contenants, emballages et imprimés, qui permettrait de dégager des revenus et de soulager, enfin, un peu la pression financière. Mais quand? Parce que les marchés secondaires se sont effondrés et ne permette pas de couvrir les couts.
L’économie circulaire ne tourne pas rond!
En attendant, un geste fort est souhaité du gouvernement : un étalement des cibles, plus de flexibilité, et surtout, plus de réalisme. La réglementation doit refléter la réalité financière des producteurs.
Il faut que le système devienne plus efficient et qu’on soit en mesure d’atteindre les cibles à l’intérieur de coûts raisonnables.