Retour sur les grands enjeux actuels de l'industrie alimentaire du Québec

2 novembre 2023
par Sylvie Cloutier

Une autre année s’achève - déjà ! - et je constate que l'industrie de la transformation alimentaire du Québec est en constante évolution, façonnée par les demandes changeantes des consommateurs, les nouvelles exigences réglementaires, les avancées technologiques, les problèmes de main-d’œuvre et de productivité et les préoccupations croissantes en matière de développement durable.

Aujourd'hui, j’expose quelques grands enjeux qui façonnent l'avenir de cette industrie dynamique et qui doivent retenir l’attention des décideurs publics:

L'importance du développement durable
L'un des enjeux prédominants dans l'industrie alimentaire québécoise dans la dernière année est le développement durable. Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de l'impact environnemental de leurs choix alimentaires et autres. Les entreprises alimentaires du Québec travaillent pour réduire leur empreinte carbone, adopter des emballages plus respectueux de l'environnement, et favoriser les pratiques agricoles durables. L’arrivée progressive cette semaine des nouvelles règles de consigne exige un virage et des investissements additionnels importants de la part de toutes les parties prenantes.
Les nouvelles exigences des distributeurs/détaillants alimentaires, règlementaires et/ou des investisseurs poussent l’industrie à repenser ses façons de faire. Les prochaines années seront cruciales si nous voulons demeurer compétitif. Les coûts de la modernisation de la collecte sélective et de l’élargissement de la consigne au Québec seront faramineux et nous ne comprenons pas encore tout à fait les impacts financiers de ceux-ci sur les entreprises et par conséquent, sur le prix des aliments.

L'achat local
Les Québécois ont manifesté, particulièrement avec la pandémie, un intérêt croissant pour les aliments locaux. L'achat de produits locaux soutient l'économie régionale, les emplois et favorise la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport des aliments.
Les producteurs bénéficient de cette tendance, qui renforce également la connexion entre les consommateurs, les fabricants d’aliments et les producteurs. Il faut poursuivre les efforts et initiatives de promotion de produits alimentaires – les Aliments du Québec – et soutenir cet intérêt dans le temps.

L'innovation alimentaire
Les Québécois sont les champions de l’innovation. L'industrie alimentaire québécoise fait preuve d'une créativité exceptionnelle en matière d'innovation alimentaire. De nouvelles entreprises se lancent dans la production d'aliments novateurs, des alternatives à base de plantes aux produits issus de nouvelles technologies.
Ces avancées répondent à la demande croissante de produits alimentaires sains et durables et aux tendances changeantes. Pour demeurer compétitif, il faut innover et pour innover, il faut avoir des ressources financières et des expertises. Il est important au Québec d’investir dans de grands projets émergents et innovants et surtout au profit d’un secteur aussi important que celui de l’alimentation. Si on veut l’autonomie alimentaire, il faut donner à l’industrie les moyens d’y arriver.

L'étiquetage et la transparence
Les consommateurs souhaitent connaître de plus en plus l'origine et la composition des aliments qu'ils achètent. Les entreprises alimentaires sont encouragées à offrir une plus grande transparence sur leurs produits, permettant une plus grande traçabilité avec des informations sur les allergènes, la provenance des ingrédients et d'autres informations importantes et pertinentes comme le génie génétique.
Lorsqu’un gouvernement adopte des règlements qui rendent plus difficiles les principes de transparence en amont de la transformation des aliments, cela nuit à toute l’industrie.

Les préoccupations pour la santé
Les consommateurs québécois sont de plus en plus soucieux de leur santé. Cela se traduit par une demande accrue de produits améliorés, riches en nutriments et faibles en additifs artificiels.
Les entreprises alimentaires adaptent leur offre pour répondre à ces besoins. Aussi, une nouvelle réglementation fédérale obligera, dès janvier 2026, les entreprises à identifier les produits trop riches en sucre, sodium et gras par un symbole sur le devant de l’emballage.
Une initiative du CTAQ appelée Amélioration alimentaire Québec (AAQ) offre un parcours en appui aux entreprises alimentaires québécoises qui veulent répondre à ces enjeux et tendances.

La main-d’œuvre et la formation
Le secteur de l'industrie alimentaire doit faire face à des défis en matière de main-d'œuvre, y compris le recrutement et la rétention du personnel qualifié. La formation et le développement des compétences sont essentiels pour garantir la qualité et la sécurité alimentaires.
La productivité devient plus importante que jamais et les équipements, technologies et autres compétences de pointe sont essentiels pour prendre ce virage. L’appui des gouvernements par des programmes, prêts ou subventions est nécessaire pour y arriver.

La gestion du gaspillage alimentaire
La réduction du gaspillage alimentaire est un enjeu majeur dans l'industrie alimentaire québécoise. Les entreprises cherchent des moyens novateurs pour minimiser les pertes alimentaires tout au long de la chaîne d'approvisionnement, tandis que les consommateurs sont encouragés à adopter des pratiques responsables.
L’industrie alimentaire a fait de grands progrès au fil des ans mais certains changements réglementaires, incluant une gestion optimale des dates de péremption de certains produits, pourraient aider à prévenir le gaspillage.
Il ne faut pas oublier que les entreprises offrent leurs stocks excédentaires aux banques alimentaires et rendent ces produits disponibles pour les citoyens dans le besoin.

L’accès aux tablettes, le commerce en ligne et la livraison de produits alimentaires
L’accès aux tablettes et les relations fournisseurs/distributeurs et détaillants alimentaires ne sont pas toujours faciles. Les parties prenantes négocient depuis plus d’une année un code de conduite afin d’améliorer les conditions d’affaires.
Aussi, les habitudes d'achat évoluent, et le commerce en ligne ainsi que la livraison de produits alimentaires gagnent en popularité. Cela représente à la fois un défi et une opportunité pour les détaillants et les producteurs locaux.
L'efficacité et la qualité de la livraison deviennent des éléments-clés pour répondre aux besoins des consommateurs ainsi qu’aux enjeux environnementaux.

L’inflation et le coût des aliments
On ne peut pas finir 2023 sans parler de l’inflation et la hausse des coûts des aliments et de l’ensemble des produits et services, ainsi que des impacts directs de la pandémie.
Il existe plusieurs solutions pour minimiser l'impact de ces récentes perturbations sur les prix des aliments, telle la mise en place de plans de gestion des risques pour mieux prévoir ces nouvelles situations. Cela pourrait inclure la diversification des sources d'approvisionnement et le stockage stratégique de produits de base pour faire face à d'éventuelles pénuries.
Il faut aussi rechercher des moyens de réduire les coûts de production, incluant l’innovation, l’automatisation, la productivité, etc. Finalement, encourager l'achat de produits locaux qui permettrait de réduire les coûts liés à la chaîne d'approvisionnement, tels que les coûts de transport et d'importation. Ces plans prendront cependant d’importantes ressources et des années à être mis en place.

En fin de compte, l'objectif est de garantir que les citoyens puissent avoir accès à des aliments de qualité à des prix raisonnables, tout en stimulant l'économie.

Donnons-nous de la prévisibilité et les moyens d’y parvenir.

L'industrie alimentaire du Québec continue de se réinventer pour répondre aux besoins changeants des consommateurs tout en prenant en compte les impératifs mentionnés ci-dessus.

La créativité, la transparence et l'engagement envers des pratiques responsables sont au cœur de cette transformation, qui promet de façonner un avenir alimentaire plus prometteur pour la province.

Malgré son importance, est-ce que le secteur alimentaire est perçu à sa juste valeur?

On peut continuer de se poser la question.

Ou passer à l’action et le positionner comme un partenaire stratégique économique de premier plan!



Sylvie

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