L’élection fédérale du 28 avril 2025 marque un tournant politique majeur avec l’accession au pouvoir de Mark Carney et des libéraux, une victoire qui redéfinit l’équilibre des forces à Ottawa et annonce une refonte de plusieurs politiques économiques, environnementales et commerciales. Pour le secteur de la transformation alimentaire, ce changement représente à la fois une fenêtre d’opportunités et un moment crucial pour se faire entendre.
Une transition rapide, des signaux à décoder
Avant même la fin du dépouillement, les premières indiscrétions émanaient déjà de l’entourage de Mark Carney. Selon les révélations de Bob Fife au Globe and Mail, le nouveau gouvernement prévoit dévoiler son Conseil des ministres dans les deux semaines, avec un cabinet élargi mais paritaire, rappelant la composition initiale de Justin Trudeau en 2015.
Parmi les noms évoqués : Carlos Leitão, ancien ministre québécois des Finances, dont la nomination potentielle augure une sensibilité accrue aux enjeux économiques du Québec — une donnée à surveiller de près pour le secteur bioalimentaire. Autres personnalités en vue : des experts en climat, en commerce et en technologie, qui pourraient façonner une politique agroalimentaire plus intersectorielle.
Fin annoncée de la taxe carbone pour les consommateurs et nouvelles priorités budgétaires
Autre information de taille : la fin du prix sur le carbone à la consommation, une mesure confirmée par les sources internes du nouveau gouvernement, redirigeant les efforts vers d’autres leviers environnementaux. Pour les transformateurs alimentaires, cette annonce pourrait réduire certains coûts énergétiques directs — tout en redéfinissant les exigences en matière de transition verte.
Le premier budget, attendu rapidement, inclura également une réduction d’impôt pour la classe moyenne et un projet de loi visant à abolir les barrières commerciales interprovinciales. Ce dernier point, s’il est bien exécuté, pourrait bénéficier concrètement aux transformateurs québécois et canadiens en facilitant la circulation des intrants et des produits finis à travers le pays.
Le CTAQ : en mode mobilisation auprès du nouveau gouvernement
Le CTAQ, en collaboration avec Aliments Boissons Canada et les autres associations provinciales, souhaite établir rapidement un dialogue avec les nouveaux ministres clés afin de faire valoir les priorités suivantes :
• Protection des intrants stratégiques contre les contre-tarifs douaniers ;
• Investissements ciblés en automatisation, formation et productivité ;
• Soutien à la diversification des marchés d’exportation ;
• Stabilisation des chaînes d’approvisionnement alimentaires ;
• Faciliter le commerce interprovincial.
Un contexte géopolitique en mouvance
La conversation entre Mark Carney et le président Donald Trump, dès le lendemain de l’élection, annonce un climat commercial incertain mais actif.
L’arrivée de Pete Hoekstra comme ambassadeur américain à Ottawa, un proche de Trump, pourrait aussi raviver des tensions sur les dossiers agroalimentaires transfrontaliers, notamment en matière de normes, d’exportations et de sécurité alimentaire.
Conclusion : une vigilance stratégique s’impose
Cette élection fédérale n’est pas une simple alternance politique : c’est un pivot stratégique pour les politiques économiques et commerciales du Canada.
Le CTAQ entend jouer pleinement son rôle d’interlocuteur structurant pour s’assurer que la voix du secteur de la transformation alimentaire — pilier de l’économie québécoise — soit entendue et intégrée dans les décisions à venir.