Contrôler l’inflation et stabiliser le coût des aliments

5 octobre 2023
par Sylvie Cloutier

L'inflation et l’augmentation du coût des aliments sont des préoccupations majeures pour tous. Le ministre Champagne a convoqué il y a quelques semaines les cinq principales bannières à participer à la stabilisation des prix des aliments en épicerie en proposant des solutions concrètes.

Cet après-midi, le ministre fédéral de l'Industrie, François-Philippe Champagne, a fait le point sur les engagements initiaux des cinq principales chaînes d’épicerie pour stabiliser le prix des aliments.

Le communiqué de presse est repris intégralement dans pages ici.

Suite à l'annonce du gouvernement fédéral de s'attaquer à la hausse des prix en épicerie, le CTAQ avait émis un communiqué conjoint avec l’UPA pour demander à faire partie des échanges. En effet, les demandes du ministre sur la lutte contre l'inflation et le contrôle du coût des aliments ne seront pas aussi simples à mettre de l’avant.

Entamer des discussions avec les dirigeants des grandes chaînes de supermarchés et présenter une première série de modifications à la Loi sur la concurrence ne sont pas, selon nous, les seuls moyens d’atteindre efficacement l’objectif de la stabilisation des prix.

Je vous rappelle notre première et plus importante revendication : que les mesures proposées par les détaillants ne doivent pas avoir de répercussions négatives sur les petits et moyens fournisseurs d’aliments et de boissons, ni sur le prix que les agriculteurs obtiennent pour leurs produits ou sur les mécanismes de fixation des prix déterminés par les industries gouvernées par la gestion de l’offre.

Nous croyons aussi qu'il est important que les détaillants négocient de manière transparente et équitable avec leurs fournisseurs pour obtenir des prix compétitifs. C’est pourquoi les travaux sur le code de conduite entre les épiciers et leurs fournisseurs sont importants et doivent se poursuivre. Le code doit être lancé!

Il faut élaborer des solutions concrètes, réalistes et bénéfiques pour tous dans un contexte de hausse des prix. La chaîne d'approvisionnement est complexe et la production, la fabrication, la distribution et la livraison des aliments sont tributaires de nombreux facteurs. La hausse du coût des intrants, de l'énergie, des carburants et de la main-d'œuvre sont autant d'éléments qui sont particulièrement touchés par l'inflation et qui se répercutent sur le coût final des produits.

Dans l’énoncé d’aujourd’hui du ministre Champagne, ce dernier annonce que le gouvernement prend des mesures immédiates et déterminantes pour défendre les intérêts des consommateurs. Il renforce la capacité d’action du Bureau de la consommation en établissant un Groupe de travail sur les épiceries, qui se consacrera exclusivement au secteur de la vente au détail. Ce groupe assurera une surveillance mensuelle de la mise en œuvre des engagements pris par les épiciers et des actions posées par d’autres intervenants clés de l’industrie alimentaire, y compris les producteurs. Il mènera également des enquêtes et mettra en lumière des pratiques préjudiciables pour les consommateurs, comme la « réduflation » et la « déqualiflation ».

Dans un effort de vouloir ralentir l’inflation, la ministre fédérale des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, a déposé en septembre un projet de loi qui vise à concrétiser la suppression de la TPS sur la construction de nouveaux logements destinés à la location et à stabiliser les prix à l'épicerie en favorisant la concurrence.

Le CTAQ invite donc le gouvernement fédéral à réfléchir à d’autres solutions immédiates et concrètes incluant, par exemple, un allégement des taxes sur les carburants et sur les aliments. D'autres solutions pourront et devront être élaborées en fonction de l'état de l'économie.

À court terme, le gouvernement fédéral peut aussi participer et jouer un rôle à la stabilisation des prix des aliments et des biens de consommation. La fiscalité alimentaire est complexe mais plusieurs produits alimentaires que vous achetez en portions individuelles, ou en plus petits formats (de moins de 500ml ou 500g) ou les prêts-à-manger, sont taxables. En lien avec les besoins et les nouvelles habitudes alimentaires, il faudrait revoir le système de taxation des aliments et boissons.

Pourquoi ne pas explorer d’autres ajustements de taxes temporaires et à court terme qui auront un impact sur les chaînes de valeurs et le porte monnaie des consommateurs?
Je continue à croire que le secteur manufacturier alimentaire n’est pas vu par les gouvernements à sa juste valeur. Il n’est pas considéré comme un partenaire stratégique économique bien qu'il soit le premier secteur manufacturier en importance au Québec, présent dans toutes les régions… et qu’il fournit des aliments à la population. Outre la santé, qu’est ce qui est plus important qu’une industrie qui répond au besoin le plus fondamental qui est de se nourrir?

Nous avons un ministre du MAPAQ présent, qui comprend bien les enjeux, intéressé et qui a une vision pour toute l’industrie des aliments et boissons. Mais on ne lui donne pas les moyens de ses ambitions!

Il existe plusieurs solutions pour minimiser l'impact de ces récentes perturbations sur les prix des aliments, telles la mise en place de plans de gestion des risques pour mieux prévoir ces nouvelles situations. Cela pourrait inclure la diversification des sources d'approvisionnement et le stockage stratégique de produits de base pour faire face à d'éventuelles pénuries.

Il faut aussi rechercher des moyens de réduire les coûts de production, incluant l’innovation, l’automatisation, la productivité, etc. Finalement, encourager l'achat de produits locaux qui permettrait de réduire les coûts liés à la chaîne d'approvisionnement, tels que les coûts de transport et d'importation. Ces plans prendront cependant d’importantes ressources et des années à être mis en place.

En fin de compte, l'objectif est de garantir que les citoyens puissent avoir accès à des aliments de qualité à des prix raisonnables, tout en stimulant l'économie. Donnons nous de la prévisibilité et les moyens d’y parvenir.


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