Le plus récent Rapport canadien sur les prix alimentaires à la consommation faisait la démonstration que le prix des aliments au Canada a crû de 3,9 % en 2021. De plus, la hausse estimée pour 2022 au moment de la publication de ce rapport était de 5 à 7 %, soit un impact de 966 $ par famille. La pandémie et les mesures sanitaires ont bousculé les chaînes d’approvisionnement et la dépense par famille augmentera de 966,08 $, ce qui pourrait représenter au Québec un impact de 1,9 $ G$ supplémentaires sur les coûts habituels.
Nous applaudissons l’initiative du gouvernement du Québec qui mise sur l’augmentation de la production alimentaire locale, puisque les Québécois consomment 52 % des produits alimentaires fabriqués chez nous. De plus, cela permet de réduire l’émission de GES en réduisant les distances parcourues pour l’ensemble des denrées consommées ici. Il demeure cependant un fait : nous devons continuer à importer des produits, car ce n’est pas demain que les bananes ou les oranges pousseront au Québec.
Les importations internationales de produits bioalimentaires sont d’environ 7,4 G$ au Québec. De ce chiffre, 5,4 G$ vont directement en distribution aux détaillants et 2 G$ vont comme intrants et produits intermédiaires. Le Québec a besoin de produits importés et par conséquent, du transport maritime pour sa consommation. 80 % du commerce international transite par voies maritimes et ce moyen de transport est responsable de 3 % des émissions mondiales de CO2.
Certes, les coûts du transport maritime sont en hausse, car il y a une combinaison d’effets négatifs :
- Les conteneurs ne sont pas dans les bons ports;
- Il y a congestion dans les ports;
- Il y a pénurie de main-d’œuvre dans les ports pour remplir les conteneurs dus à la COVID.
Consolidation et inaction du G20
Mais regardons de plus près les résultats financiers des compagnies maritimes et de l’inaction de l’OCDE et des pays du G20 sur une industrie d’armateurs et d’expéditeurs qui s’est consolidée depuis les dernières années.
Qui dit consolidation, dit moins de compétition et raffermissement des prix. Il y a 10 principales entreprises mondiales d’expédition maritime qui contrôlent 80 % de la capacité globale. De plus, elles se sont créées des alliances internationales de transport maritime pour assurer que tous les navires qui se déplacent sur nos océans soient utilisés au maximum de leur capacité.
Ces compagnies, dont certaines sont cotées en bourses, publient leurs résultats et on peut constater des bénéfices records à cause des augmentations de taux. Un exemple : un conteneur entre l’Asie et l’Amérique qui coûtait, il n’y a pas si longtemps, 5 000 US$, est passé maintenant à 20 000 US$ et on y met toujours la même quantité de produit, par exemple 4000 gallons de concentré de pâtes de tomates. Sauf que maintenant, le prix au gallon de transport n’est plus de 1,25 $ mais de 5,00 $ le gallon, soit 400 % d’augmentation. Est-ce que le prix du mazout pour faire fonctionner les bateaux a augmenté de 400 %, posons-nous la question!?
Pour l’année 2021, des sociétés maritimes comme le géant Maersk ont affiché des résultats en forte augmentation. Maersk a atteint un chiffre d’affaires de 61,8 G$US, comparé à 39,7 G$US en 2020, une croissance de 55 % et une augmentation de son BAIIA de 192 % qui atteint dorénavant les 24 G$US comparés à 8,2 G$US en 2020. Quand on pense que pour cette même période dans le passé, ses résultats oscillaient entre 3 et 5 $ milliards. À titre de comparaison, les livraisons manufacturières de toutes les usines québécoises de transformation alimentaire sont de 31,2 G$CAN, soit 24,5 G$US.
Face à l’impact que ces nouveaux taux ont sur les denrées mondiales et plus spécifiquement sur l’alimentation, ni l’OCDE ni les pays du G20 n’ont agi. Est-ce que cela est dû à une situation législative mondiale ou est-ce que la principale préoccupation des pays est de gérer la COVID? Tous semblent avoir oublié que l’inflation est là et que, pour la ralentir, on se doit d’augmenter les taux d’intérêt. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les pays qui se sont endettés pendant la pandémie.
Nous aimerions aussi rappeler que de nombreux pays perçoivent seulement des taxes sur le tonnage maritime quand la marchandise arrive à destination, au lieu de taxes sur la valeur du conteneur. Ceci évite aux nombreux armateurs de payer des impôts plus importants aux différents pays. Une belle économie à percevoir non négligeable.
Que ce soit aux États-Unis ou au Canada, les lois sur la compétition surveillent les mouvements de consolidation des marchés. Dans ce dossier, il n’y a pas de gouvernement mondial, mais il y a le G20. L’enjeu est qu’il doit agir, car le coût de plusieurs denrées alimentaires est en augmentation de manière fulgurante. Ne soyons pas surpris par la flambée des prix de l’alimentation que les études sur l’inflation nous rapportent et ne soyons pas surpris des choix alimentaires que feront les consommateurs, car si les fruits et légumes deviennent trop dispendieux et que le citoyen se nourrit inadéquatement, la Santé publique sera mobilisée davantage pour répondre à la santé des citoyens.
La situation est très préoccupante et l’intervention des pays membres du G20 est nécessaire. Dans sa publication sur les perspectives économiques en septembre 2021, l’OCDE affirme actuellement que l’augmentation des prix des matières premières et des coûts du transport maritime au niveau mondial ajoute 1,5 % à la hausse annuelle des prix à la consommation dans les pays du G20.
Alors, organismes d’intervention, G20, agissons maintenant contre l’inflation!
Sylvie Cloutier, PDG du CTAQ Jean Gattuso, Administrateur de sociétés
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